La mort de Neda

Dès l’annonce hâtive des résultats de élection présidentielle iranienne de 2009 des centaines de milliers de manifestants, convaincus du caractère frauduleux des résultats sont descendus dans la rue pour protester. Six jours plus tard, le guide suprême, Ali Khamenei, prononce un discours dans lequel il menace les têtes de l’opposition d’être tenue pour responsables “Si quelqu’un est tué [dans le cadre des manifestations contestant le résultat des élections]. [1] Le lendemain de ce discours, le 20 juin 2009, est devenu célèbre sous le nom du samedi noir, au moins 20 ​manifestants ont été ​tués et 150 autres blessées par balles.[2] Parmi les morts, une jeune étudiante en philosophie de 27 ans, nommée Neda Agha-Soltan, a connu un destin à part via l’image. Sa mort a été capturée sur vidéo par des passants et diffusée sur Internet le même jour​. Cette vidéo est devenue un symbole commun pour les opposants. La mort de Neda est devenue un moment emblématique dans les luttes qui ont suivies l’élection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad. L’image du moment de la mort de Neda, et ensuite quelques images de son visage avant sa mort ont été utilisées et réutilisées par les opposants iranien, par les manifestants, les artistes, et les acteurs politiques de tout bord. L’impact de cette image, rapporté par Time comme la vidéo de la mort d’une personne le plus vu dans le monde[3] a dépassé l’aspect visuel et a transformé Neda, la personneet l’image en icône et , le nom et l’histoire, un symbole[4] dans l’espace de quelques jours.

Un accès direct aux images amateurs

En juin 2009, pendant les manifestations qui mettaient en cause le résultat officiel des élections présidentielles et accusaient le gouvernement d’avoir commis des fraudes massives, les médias traditionnels ont été, pour une des premières fois dans leur histoire, distancé de la réalité des événements par ceux qui ont pris plus tard le nom de citoyen-journaliste. Les premières sources des événements qui se passaient dans la rue, dans l’absence des journalistes indépendants des médias étrangers, étaient donc les vidéos et les images prises par les participants et les observateurs. Mise en ligne directement, les tweets, les images, les prises de parole audio et les vidéos ont réussi à dépasser les barrières de la censure gouvernementale et fournir une narrative qui contredisait celle des médias de l’État.
Grâce aux téléphones portables, et via internet, les images et les vidéos des évènements ont eu une audience directe. Contrairement aux médias traditionnels, les images, et les informations n’étaient pas vérifiées par des sources indépendantes avant d’être mises en ligne, et contrairement aux médias traditionnels, les politiques éditoriales et les jugements des rédacteurs en chef ne bloquaient pas les images jugées trop violentes ou inappropriées. Les images transmises de manière anonyme, des sources divers sur les comptes non vérifiables sur les réseaux sociaux, ont envahis les écrans des ordinateurs et des téléphones portables, mais aussi les écrans des chaînes de télévision et la une des journaux avec une franchise réelle qui mettaient parfois le spectateur mal à l’aise.

Le contexte de l’image

Le 20 juin 2009, une grande manifestation contestataire est prévue à Téhéran. Cette manifestation fait partie d’une série de manifestations pacifistes contestant les résultats des élections présidentielles de 2009. Plus d’une semaine après l’annonce des résultats officiels et après des dizaines de manifestations silencieuses et pacifistes dans plusieurs villes d’Iran, la manifestation du 20 juin à Téhéran se distingue, car elle s’effectue au lendemain de la prise de parole officielle du guide suprême qui soutient le résultat annoncé. Après la grande manifestation du 15 juin 2009 à Téhéran qui a, selon les rapports des la maire de Téhéran, avait réunis plus de 3 millions de participants, les forces de l’ordre étaient très présent dans les rues de la capitale afin de disperser la population et empêcher l’unification de tous les manifestants sur une seule axe principal.
La manifestation du 20 juin était prévue à Téhéran à partir de Meydân Enghelâb (place de la révolution) jusqu’à Meydân Âzâdi (place de la liberté) en début d’après-midi. Les forces de l’ordre avaient bloqué l’accès à l’axe principal et dispersaient les gens en utilisant des gaz lacrymogènes et des jets d’eau. Les manifestants se trouvent ainsi divisés en petits groupes et se font attaqué par derrière par les forces de l’ordre souvent en moto et armés de bâtons dans les rues adjacentes de la Rue Âzâdi. Plusieurs vidéos et images sont ​enregistrés par des manifestants dans ces rues à ce moment. C’est ainsi que le moment de la mort de Neda est filmé, presque par hasard. Soucieux des modes de diffusion des images et des vidéos sur internet, les manifestants et les observateurs qui filment les événements essaient de se tenir à des vidéos de courte durée.

L’image

Dans la rue Salehi, une des rues au centre de Téhéran, au croisement Khosravi, pas loin de la Rue Âzadi où les manifestants tentent de se regrouper, un citoyen filme les manifestants. La vidéo s’ouvre sur une image presque banale des manifestants perplexes. Un bruit que l’on devine être une tire de balle fait tourner le regard de la caméra vers là où l’action se passe. Avec sa caméra en main, il nous présente son propre champ de vision. Il lui faut quelques instants pour repérer une fille blessée par balle dans le cahot qu’il filme. La caméra s’approche d’elle qui devient le centre de l’attention de l’image. Elle est aidée par deux hommes qui lui tiennent les bras et l’aide à s’allonger. La personne qui filme continue à s’approcher et on voit la fille blessée tenant les deux mains sur sa poitrine, que l’on devine être le point de l’impact. On voit un homme qui essaie de bloquer le saignement en pressant sur la blessure. La personne qui filme fait le tour de la fille et l’image est désormais directement sur son visage. On entend un homme qui parle à la fille blessée : “Neda!, il crie, reste! N’aie pas peur!”. Connaissant le nom de la fille sur l’image, nous la voyons saigner du nez et de la bouche et nous témoignons sa mort capturée en close-up. Le vidéo a duré sept minutes.[5]

l’importance de l’image de Neda

Immédiatement après avoir saisi l’image de la mort de Neda sur Internet, ces images

ont été largement redistribuées, des milliers des Iraniens surpris. Ils ont regardé les derniers moments de la vie d’une jeune fille qui pose une simple question à l’État ; “OU EST MON VOTE?” la question commune à tous les manifestants.
l’image était arrivée des impressions bientôt à la télévision en dehors de l’Iran​​. La reproduction de ces images par les chaînes de télévision du monde entier a suscité de nombreuses réactions contre le gouvernement iranien. Juste deux jours après, abc news a publié les images et un rapportage de l’incident et a posé la question “Neda, est-elle la Jeanne d’Arc d’Iran?” [6]

Le 24 juin, Le Figaro a publié des images et un reportage sur ce qui s’est passé. Les lecteurs sont prévenus: “Attention, ces images sont choquantes et ne doivent pas être visionnées par un public sensible.” C’était suffisante pour attirer l’attention de milliers de Français. Le Figaro a expliqué pourquoi des manifestations avaient eu lieu en Iran après les élections de 2009, puis l’histoire de Neda. Il était convaincu que “les images de sa troublante agonie, puis de sa mort, filmée par un manifestant, ont été visionnées par des dizaines de milliers de personnes. Des poèmes à son honneur inondent la blogosphère. Des cérémonies à sa mémoire s’organisent à travers le monde. Mais pour ses proches, elle reste, avant tout, le symbole d’une jeunesse iranienne en quête de changement, dans un pays qui tangue entre tradition et modernité”.[7] 

Cécile de Kervasdoué a expliqué dans son reportage à ​France culture que ces images avaient été publiées dans de nombreux médias dans le monde. Et puis elle relate la réaction de Barack Obama “”It’s heartbreaking” a déclaré Barack Obama, c’est à fendre le coeur… Et tous ceux qui ont vu ces images savent qu’il y a quelque chose de fondamentalement INJUSTE là dedans…” Le président américain qui conclut par ces mots : “Ceux qui défendent la justice sont toujours du côté de l’histoire”. Voilà comment en quatre jours, Neda Agha Soltan est passée du côté de l’Histoire… Voilà comment en quatre jours, cette inconnue de 26 ans a déclenché un séisme qui met un peu plus à mal le régime du président Mahmoud Ahmadinejad… “ [8]

Cette vidéo de la mort d’une personne est devenue l’une des vidéos dans le monde la plus visionnée .[9]

Les spécificités de la vidéo de la mort de Neda

De nombreuses images de manifestations iraniennes ont été publiées en 2009 et 2010, certaines images de personnes tuées devant la caméra ont été publiées, mais pourquoi les images de la mort de Neda sont devenues les plus importantes et les plus spectaculaires? Quels sont les facteurs déterminants ?
Revenons aux images. Quand on entend le coup de feu, la caméra remonte à l’incident. En un clin d’œil, une jeune fille tombe à terre. Accroupi à ses côtés, un homme répète, en farsi : «N’aie pas peur, Neda, ma chère, n’aie pas peur?».
Une personne offre son secours et tente de la réanimer. Mais le sang coule de son nez et de sa bouche. «Je brûle, je brûle?», dit-elle à l’homme à côté de lui. Elle meurt dans ses bras, avant de recevoir aucun soin médical.

À tous ces moments, comme un observateur de la scène, la caméra se rapproche de Neda jusqu’au dernier moment qui filme un gros plan du visage de la fille. Le déplacement de la caméra et son point de vue sur l’incident emmène le spectateur au milieu de la rue et le rend participant de l’incident. Les téléspectateurs se voient sur les lieux et vivent l’expérience des mésaventures des manifestants.

Une des plus importantes parties de cette image est le rôle principal. ​Une jeune et belle fille – les éléments de la vie – de la classe moyenne urbaine – dont la plupart utilise les réseaux sociaux- . une classe qui surtout, protestait contre les élections frauduleuses. Les dialogues et l’ambiance sonore jouent un rôle important dans l’effet des images. Le cri d’une femme qui se fait entendre au moment de la mort. Le son du murmure qui montre la panique. le dialogue d’un vieil homme avec Neda l’encourageant à survivre et même le sens du nom de Neda.
Le nom de Neda signifie l’appel, le chant, la voix, le cri et c’est très positif . en persan, il est utilisé quand on parle de valeur sacrée. Comme : la voix de Dieu ou la voix de la liberté, ​en Persans utilise le mot Neda dans deux derniers exemples​​.

La diffusion dans les médias traditionnels et des réseau sociaux

De nombreux spécialistes des sciences sociales pensent que, pour la première fois dans le Mouvement vert d’Iran, ils ont utilisé des installations de réseaux sociaux pour informer et coordonner les manifestants.
Ceci est arrivé pour les raisons suivantes:

  1. Déportation de tous les journalistes étrangers quelques jours après les manifestations
  2. L’arrestation de nombreux journalistes indépendants en Iran
  3. Contrôle total de la télévision et de la radio par l’extrême droite (Partisans d’Ahmadinejad)
  4. Censure et contrôle étendus des journaux par le gouvernement d’Ahmadinejad
  5. Créer Brouillage radio sur les chaînes de satellite[10]
  6. S’il était supposé que les images de la mort de Neda seraient définitivement publiées par des médias professionnels. Cela n’a pas été montré ou une petite partie aurait été publiée à cause de la violence, mais un citoyen ordinaire sans se conformer publie toutes les images.

La réaction des médias du régime - Visage volé

Après la réaction intense du peuple et de la communauté internationale, Gouvernement et personnalités importantes et médias d’extrême droite Ils ont essayé de raconter leur histoire de l’incident et imposer aux gens.
Ahmad Khatami un membre de L’assemblée des experts a dit que les manifestants ont tué Neda et Obama fait larmes de crocodile
Ezzatollah Zarghami président du télévision Islamic Republic of Iran Broadcasting (IRIB) a dit que ce sont de fausses images.
L’ambassadeur d’Iran au Mexique, Mohammad Hassan Ghadiri, a suggéré dans une interview accordée le 25 juin 2009 que la CIA aurait pu être impliquée dans la mort d’Āghā-Soltān. L’Ambassadeur Ghadiri s’est interrogé sur la qualité de l’enregistrement vidéo de la fusillade, affirmant que l’incident s’était déroulé loin des autres manifestations. Il a également déclaré qu’utiliser une femme serait plus efficace pour atteindre les objectifs que la CIA est supposée souhaiter.[11]
Javan, le journal des gardiens de la révolution islamique, a déclaré que la BBC avait tué cette jeune fille[12]

Finalement, la télévision a diffusé des images d’une jeune fille qui prétend être Neda et vivante. La télévision essayait de finir cette histoire avec ce reportage[13] mais quelques mois plus tard, elle s’est échappée d’Iran et a interviewé le New York Times et a déclaré: “En raison de la ressemblance de son visage et de son nom, le ministère du Renseignement l’a forcé à interviewer la télévision. elle a ensuite écrit un livre intitulé “Mon visage volé”.[14] [15] 

La reprise de l’image

Outre les reportages télévisés, les informations et les émissions de télévision qui ont utilisé à plusieurs reprises les images de la mort de Neda, Trois longs métrages document ont également été produits et chacun a eu un résultat différent de l’autre.

  1. Crossroads (2010)[16]
    C’est un documentaire commandé par Iran TV qui a été réalisé par Reza Farahmand. Ce film utilise tous les outils de la télévision iranienne et trouve chacun des participants à cette scène et ayant accès aux archives de la télévision, le corps des gardes de la révolution, la police iranienne et le ministère iranien du renseignement a publié de nouvelles images. Et en utilisant ces images prouvé que les forces d’opposition de la République islamique ont assassiné Neda.16 Le réalisateur du film avait choisi une narratrice non iranienne pour prouver sa position en regardant le sujet avec un regard neutre. Les critiques de ce film ont suscité de nombreuses critiques, en raison de l’absence de la famille de Neda dans le film et de l’expérience des pressions exercées par le gouvernement sur l’opposition, la conclusion du film n’est pas fiable.
 

2. For Neda
C’était un long documentaire réalisé par Antony Thomas, créé par HBO. la grande partie de ce documentaire qui a été réalisé chez Neda et interviewé avec sa famille, plus à sa vie privée. Collecter toutes les informations dans ce film enfin, le gouvernement est connu comme le tueur de Neda[17]
Ce film tente de soulever que le hijab a été la seule préoccupation de Neda. Le réalisateur non iranien du film, bien qu’il ait essayé de présenter le vrai visage de Neda, mais qui n’a pas vécu les événements de l’Iran. Malheureusement, il utilise l’expérience de l’opposition en dehors de l’Iran ceux qui vivent eux-mêmes en dehors de l’Iran depuis plus de trente ans. Cela a empêché le réalisateur d’avoir suffisamment de connaissances. Il se trompe et la lutte pour la démocratie, le problème de la jeune iranienne, a-t-il résumé en hijab.
La faiblesse de ce film est la raison pour laquelle ils ont perdu une partie des partisans du Mouvement vert qui était religieux. Ils connaissaient Neda en tant que leur représentant.

3. Dans les coulisses du meurtre de Neda
Dans ce court documentaire de 14 minutes publié par les médias qui soutiennent Ahmadinejad, les noms des cast ne sont pas annoncés. Les images de la mort de Neda ont été tentées pour prouver que c’était une fausse nouvelle. Neda a été actrice dans un scénario d’espionnage. Après cette scène, elle a été tuée par deux autres hommes à ses côtés dans le film.[18]

● Poster et La peinture
De nombreux artistes ont utilisé les images de Neda pour les affiches, les peintures et les dessins animés.

● Références des politiciens
Ces images ont également servi de témoins dans les débats politiques. Dans un entretien d’AhmadiNejad à la CNN, alors que les images de Neda ont été publiées, Larry King a posé l’opinion d’Ahmadinejad à ce sujet.[19]

Bibliographie

1 . ​Khamenei, Ali. 19 juin 2009. Discours prononcé à Téhéran lors des prières de vendredi tenu à l’Université de Téhéran​. 
2. ​Estimation des organisations de défense de droits de l’Homme, selon les entretiens et les rapports des journalistes-citoyens. Aucune donnée officiel n’a été communiqué de la part des services de police.
3. Mahr Krista, «The Top 10 Everything of 2009», ​Time,​ Dec. 08, 2009 
4. ​Putz Ulrike, «Neda, Is She Iran’s Joan of Arc?», ​Abc news,​ June 22, 2009  
5. Le vidéo de la mort en direct de Neda Agha-Soltan en juin 2009 
6.​Putz Ulrike, «Neda, Is She Iran’s Joan of Arc?», ​Abc news,​ June 22, 2009  
7. Minoui Delphine, «Le destin de Neda, «martyre» en Iran», ​Le Figaro​, June 24, 2009 
8. ​D​e Kervasdoué Cécile, «Neda Agha Soltan, une icône iranienne», ​France culture​, June 24, 2009 
9. Mahr Krista, «The Top 10 Everything of 2009», ​Time​, Dec. 08, 2009  
10. « L’Iran censure les médias étrangers », ​Le Nouvel Observateur,​ ​ 21 juin 2009  
11. « ​Iran ambassador suggests CIA could have killed Neda Agha-Soltan »,​Los Angeles Times,​ JUNE 25, 2009  
12. « ​BBC avait tué», ​Tabnak​, JUNE 25, 2009  
13. « ​Stolen Face: How a mistaken photo changed Neda Soltani’s life forever », ​CBC Radio​ , November 30, 2012  
14. ​Soltani Neda, ​My Stolen Face ,​ Random House , 2012, Munich , 239P.  
15. « ​Iranian fugitive: identity mix-up with shot Neda wrecked my life », ​The Guardian,​ 14 Oct 2012
16. Crossroads (​vous pouvez voir ici​)  
17. For Neda (​vous pouvez voir ici​)
18. Dans les coulisses du meurtre de Neda (​vous pouvez voir ici​)  
19. Entretien de Larry King de CNN avec Mahmoud Ahmadinejad (​vous pouvez voir ici​)