Un chasseur d’archives ressuscite les stars iraniennes plongées dans l’oubli

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L’histoire est écrite par les vainqueurs : voilà un adage frappant de vérité en Iran. Dès le lendemain de la révolution islamique de 1979, les nouvelles autorités ont bloqué l’accès aux archives des médias, plongeant dans l’oubli toute une génération de stars qui détonnaient dans la nouvelle société islamique. Des personnalités dont notre Observateur tente laborieusement de retrouver les traces.
Des reines de beauté en 1976. À droite, la jeune femme représente l'Iran.

“C’est le gouvernement qui décide quelles archives ouvrir et quand”
Ali Fatehi est un réalisateur iranien qui habite Paris. Il fait un travail de recherche sur les célébrités iraniennes qui ont été effacées de l’histoire du pays et prépare un documentaire sur le sujet.

Après la révolution islamique, les archives de télévision et de presse ont été en partie détruites. L’autre partie est désormais entre les mains du gouvernement. Des compilations de ces magazines ou de ces journaux ont bien été vendues au public depuis, mais généralement ces archives sont censurées et des pages, parfois des numéros entiers, ont disparu. C’est le gouvernement qui décide quoi diffuser et quand.

Par exemple, aujourd’hui, la quasi totalité des films des années 1950 ou 1960 sont inaccessibles. À cette époque, il y avait des grandes actrices comme Zari Khoshkam, Farzaneh, Tayeedi ou Soroya Beheshti qui faisaient la une de magazines. Elles sont à présent inconnues. Les reines de beauté ont connu le même sort. Dans les années 1960 et 1970, un certain nombre d’Iraniennes ont participé à des concours internationaux, comme Elaheh Azodi ou Shoreh Nikpour, mais leurs carrières ont été effacées en un claquement doigts. Ce qu’elles faisaient n’était pas en accord avec la loi islamique.

La reine de beauté iranienne Soreh Nikpour.
À gauche, l'iranienne Soreh Nikpour.
Miss Iran en 1970. Son nom reste inconnu.
L'actrice Soraya Beheshti.

“Les seules archives disponibles sont les archives des particuliers”

Des stars du sport ont été les victimes collatérales de cette politique. L’exemple le plus frappant est celui du footballeur Hossein Sedqinayi. Né en 1902, il a joué en Turquie, en Autriche et en Belgique, où il a été meilleur buteur trois années d’affilées. En 1941, à son retour en Iran, il est devenu entraîneur de notre première équipe nationale et en 1972, il était manager de la première équipe iranienne à participer à la coupe du Monde. Pourtant, si vous demandez à un journaliste sportif iranien, il n’aura probablement jamais entendu parlé de lui.

Hossein Sedqinayi
Le footballeur iranien Hossein Sedqinayi.

Il reste toutefois possible de retrouver la trace de certaines personnalités, à condition d’être persévérant. Les seules archives disponibles sont celles des particuliers. Certaines personnes scannent des unes de vieux journaux et les postent en ligne. On retrouve aussi des informations sur les forums créés pour les passionnés des années 1950 ou encore sur les sites de cinéphiles. Finalement après de longues heures à chercher sur Internet, j’ai réussi à reconstituer quelques histoires de célébrités oubliées, dont certaines sont d’ailleurs toujours en vie à l’étranger. Mais les informations restent très limitées.